Il y a une ironie malsaine dans le fait qu’un pays qui vante les mérites de la liberté individuelle ne voie aucun inconvénient à transformer la vie humaine en marchandise pour nourrir la faim insatiable du capitalisme. Si ce principe est celui du nihilisme américain porté à son zénith absolu, alors God’s Country, le premier album du quatuor de noise rock Chat Pile d’Oklahoma City est l’incarnation sonore d’un tel concept. Ayant vécu à côté des tas de déchets toxiques dont le groupe tire son nom, le fatalisme de la vie quotidienne dans le Midwest américain est omniprésent dans l’œuvre de Chat Pile, et particulièrement dans son premier album. Exaspéré par la pandémie, le désespoir engendré par le changement climatique, la cage de contention créée par le capitalisme mondial, alimenté par une dose astronomique de THC, God’s Country est autant une reconnaissance de la destruction inéluctable de la Terre qu’un acte violent et hargneux de défiance à l’égard de celle-ci. D’une durée de plus de quarante minutes, l’album présente à la fois les moments les plus déséquilibrés et les plus nuancés de Chat Pile à ce jour, dans la lignée de ses deux précédents EP et de leur bande originale écrite pour le film Tenkiller, sorti en 2021. Selon le groupe, l’album présente, en son cœur, le style de détresse typique de l’Oklahoma. Une détresse qui a l’intention d’emporter tout le monde avec elle dans son chaos cacophonique, n’en faisant qu’à sa tête, plutôt que d’accepter sans rien faire sa chute autrement assurée. C’est à ça que ressemble la fin du monde.

  1. Slaughterhouse
  2. Why
  3. Pamela
  4. Wicked Puppet Dance
  5. Anywhere
  6. Tropical Beaches, Inc.
  7. The Mask
  8. I Don’t Care If I Burn
  9. grimace_smoking_weed.jpeg
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