À la fin des années 90 et au début des années 2000, les possibilités de la vidéo sur Internet, comme Real Video et Quicktime, se sont développées, prouvant que la prophétie selon laquelle tout le monde pourrait avoir sa propre chaîne de télévision en ligne se réalisait. Après le succès critique de Mulholland Drive, le réalisateur David Lynch a misé sur ce média, consacrant pratiquement tout son temps à animer, filmer et composer des musiques pour sa propre plateforme en ligne. Il s’agissait d’un terrain fertile et sans limites pour un créatif comme Lynch, qui lui permettait de revenir à l’époque de ses racines cinématographiques expérimentales, où il lui était possible de contrôler chaque élément du processus. C’est de cette liberté numérique retrouvée que sont nées les premières graines d’Inland Empire, qui ont évolué et se sont transformées d’une expérience sur Internet en quelque chose de beaucoup plus vaste. Le film rassemble une variété d’idées et de méthodes de travail que le récent paradigme du web avait nourri chez Lynch, parmi lesquelles la multiplication de ses propres productions musicales en solo. Ayant terminé la construction de son propre studio d’enregistrement en 1998, il n’était plus contraint par les horaires et les tarifs élevés de la location d’un espace et était libre d’accélérer son expérimentation musicale sans limites. Il en résulte un changement unique dans la trajectoire musicale de Lynch, un changement qui donnera lieu à de nombreux albums et à un court-métrage mettant en scène un singe dans le rôle d’un crooner de bar lounge. Dans les premières semaines de 2005, Lynch enregistre un instrumental de blues et, au lieu de faire appel à quelqu’un d’autre, il se met au chant lui-même, grâce à un appareil qui altère les caractéristiques tonales, le Boss VT-1. Grâce à la série animée Dumbland, issue de sa plateforme, le réalisateur découvre l’appareil qui lui permet d’incarner n’importe quel personnage au chant. Avec “Ghost of Love”, Lynch expérimente l’intégration de ces personnages dans ses propres compositions musicales. Comme toujours avec Lynch, il est difficile de savoir ce qui a inspiré l’autre : “Ghost of Love” a-t-il donné naissance à une scène d’Inland Empire ou est-ce les idées du film qui ont donné naissance à la chanson ? Tout comme “In Heaven” avait servi à incarner Eraserhead, “Ghost of Love” a réussi à incarner Inland Empire en permettant à son auditeur de fermer les yeux et de projeter immédiatement les images et l’ambiance du film dans son esprit. “Ghost of Love” est accompagné de “Imaginary Girl”, sorti à l’origine sur CD en 2006, et qui voit enfin sa sortie en vinyle et en numérique pour la première fois, à l’occasion de la nouvelle sortie en salles d’Inland Empire en 2022. Tous deux sont des classiques cinématographiques de Lynch, avec Lynch à la guitare et au chant, accompagné de Dean Hurley à la basse, collaborateur de longue date de Sacred Bones.

  1. Ghost of Love
  2. Imaginary Girl
Poids 0.20 kg
Format