Il a fallu un peu de temps à Yotam Avni pour arriver à son premier album ; presque une décennie, en fait, depuis son premier maxi, That’s What The World Needs, paru chez le label californien Seasons Limited. Pendant ce temps, le producteur basé à Tel-Aviv a affiné ses productions, renforçant son groove et ramenant tout à l’essentiel. La puissance des morceaux de Yotam Avni repose dans la combinaison d’une propulsion mécanique et d’un son deep mais appliqué avec douceur. Cette combinaison donne à ses productions techno un poids supplémentaire sur la piste de danse, mais aussi une sensibilité lyrique qui le place nettement dans une tradition de légendes techno qui parviennent d’une certaine manière à faire du rythme 4/4 un moment d’intensité poétique et de joie absolue. Le label Kompakt avait repéré Avni depuis un certain temps. Il a fait sa première apparition sur le label en 2019 avec “Mañana Mañana” pour la série Speicher. La connexion a immédiatement pris tout son sens, une musique dance qui réussit à transmettre une sensation à la fois riche et épurée. Mais avec Yotam Avni Was Here, il a fait un grand bond en avant. Après une brève introduction, il donne le ton avec “Beyond The Dance”, qui met en scène un mélisme vocal lent sur des tonalités sculpturales et changeantes, une phrase de deux notes tintinnabulante, semblable à celle d’un clavecin, rythmant le morceau. Puis “It Was What It Was” apparaît avec des textures comme des néons soudainement mises en relief par un motif de trompette en sourdine, suspendue dans l’air, mélancolique et pensive. Il n’est pas surprenant, à ce stade, de découvrir que les inspirations proviennent de la techno et du jazz. Il explore les racines soul hi-tek avec les cuivres de “Free Darius Now”, les claviers en morse sur “Vortex” et le glitchy microhouse “Know Hope”, contribuant tous à une narration oblique qui semble traverser l’album, une narration étoffée par des invités, dont dOP et Gerog Levin au chant, et Greg Paulus (Beirut et No Regular Play) à la trompette. Enfin la pochette rend explicite la connexion avec le jazz, en reprenant le design minimal de l’album Concorde du Modern Jazz Quartet, sorti en 1955 sur Prestige.

  • A
  1. Intro
  2. Beyond The Dance
  3. It Was What It Was (Album Version)
  • B
  1. Free Darius Now
  2. Nature Of Dreams
  • C
  1. Just Another Day (feat. dOP & Greg Paulus)
  2. Thoughts
  3. Vortex
  • D
  1. Know Hope
  2. 9th Of May
  3. Island Hopper (feat. Georg Levin)
Format

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