Pas toujours évident, les groupes montés par une bande de potes : le temps d’apprendre vraiment à jouer, la fougue de la jeunesse peut se tasser, et souvent les trajectoires divergent. On ignore à vrai dire si c’est pour cette raison, au contraire, que ces cinq-là ont choisi de s’appeler Les Lignes Droites. Mais sans doute ont-ils la chance d’avoir monté leur groupe au moment où maîtrise technique, envie d’en découdre et amitié sont au même point de solidité. On parlera là d’un groupe parisien, mais ils viennent aussi bien de Toulouse que de Grenoble ou de Belfort : il faut bien que les capitales servent à quelque chose, de point de rencontre au moins. Seules quelques années séparent les aînés Mathieu Weiler à la guitare et Nicolas Mangione à la batterie (vu au sein des Tigres du Futur) du plus jeune Bruno Ronzani, chanteur et initiateur du quintet. Assez pour faire la richesse des rencontres, trop peu pour creuser des fossés. Des sillons plutôt, avec Gabriel Pornet aux claviers, Bruno Pourtier à la basse. Un EP puis un premier album intitulé Les Humains qui les place sur la carte à la fin de l’année 2016, entre les premiers Nick Cave et les derniers Bashung lira-t-on ça et là. Au fil du temps, le groupe a patiemment construit un univers très reconnaissable, avec toujours le même objectif : faire sonner du rock en français sans tomber dans un style monolithique ni s’interdire les sons synthétiques. Un virage plus rock est d’ailleurs amorcé avec l’EP Heusden Zolder trois ans plus tard, et ce deuxième album en est l’aboutissement. Ou le début. Ligne droite, virage, ligne droite, accélération. Amplis hurlants, accents synthétiques, rythmes dansants et mélodies atmosphériques se côtoient sur ce disque imaginé comme un ovni composite quelque part entre DAF, Girl Band et Wire. Il s’appelle KARL, comme Marx, Popper et Lagerfeld, qui y croisent des nains, des baleines, des singes et des Mickey… Chacun des morceaux est une décharge d’énergie, une voix qui s’imbrique dans la suivante, du début à la fin, comme les pièces d’un puzzle. Cet album emprunte aussi des chemins plus lumineux : explorant beaucoup de pistes différentes, cherchant comme ils continueront de le faire, Les Lignes Droites concrétisent avec KARL l’idée d’alterner entre morceaux violents et variations plus aériennes, tout en gardant une unité, avec des textes plus courts et se voulant plus incisifs. Faire transpirer l’énergie des concerts sur le disque, malgré des processus différents, reste une volonté permanente que KARL aura, vous en jugerez on l’espère, réussi à satisfaire.S’il puise ses sonorités dans différents âges de la musique qu’on aime, pas sûr que cet album aurait pu voir le jour avant ces années étranges que nous vivons. KARL est un instantané : Les Lignes Droites nous rappellent qu’ils dressent ici comme un constat des temps présents.

1. Dans La Chaleur
2. Mickey Mickey
3. Détends-toi
4. Tous Des Karl
5. T’es Où Dans Le Graphe
6. Des Eaux, Des Lacs
7. À Ma Rétine
8. Laisse Donc
9. Pardon!
10. Tous Des Karl 2
11. Muted

Poids 0,46 kg
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