I’m the Sky: Studio and Demo Recordings, 1964-1971 nous offre une vue d’ensemble sur l’œuvre de l’artiste folk pionnière Norma Tanega qui comprend deux albums studio, un disque jamais sorti et une multitude de démos inédites. Avant de jouer un rôle central dans le métissage culturel de la musique folk des années soixante, Norma était une petite fille curieuse née à la toute fin des années trente dans une famille multiculturelle de Marines à Long Beach, en Californie. Ses parents l’emmenaient souvent à Los Angeles pour des leçons de piano, et elle a fini par obtenir un Master d’Arts au Claremont College, où elle a étudié des compositeurs classiques comme Aaron Copeland et George Gershwin. Au milieu de ses études, Norma apprend à jouer de la guitare acoustique et de l’autoharpe en écoutant les disques de Joan Baez et en fréquentant le Folk Music Center, un magasin de musique et une salle de spectacle qui existe encore aujourd’hui à Claremont. Après l’université, Norma Tanega atterrit à Greenwich Village en 1963 et participe activement à la scène des cafés et aux premières manifestations contre la guerre du Vietnam. Travaillant l’été comme monitrice de camp dans les montagnes Catskill, elle se fait remarquer lors d’une performance au camp par le producteur et arrangeur Herb Bernstein qui la présente à l’auteur-compositeur Bob Crewe. Le trio connaît son premier succès en 1966 lorsque la chanson “Walkin’ My Cat Named Dog” se hisse à la 22e place des palmarès américain et britannique. La même année, Norma se rend en Angleterre où elle part en tournée pour soutenir son premier album, Walkin’ My Cat Named Dog. Pendant les répétitions de l’émission de télévision musicale britannique Ready Steady Go!, Norma rencontre Dusty Springfield. Les deux femmes deviennent rapidement amies, puis amantes et partenaires dans une relation longue distance. Norma s’installe à Londres pour être avec elle, et écrit et co-écrit un certain nombre de chansons pour et avec Dusty Springfield. Pendant son séjour à Londres, Norma enregistre un deuxième album, Snow Cycles, en 1969, qui ne verra jamais le jour, et I Don’t Think It Will Hurt If You Smile, qui sortira finalement sans grande fanfare en 1971. Comme on peut l’entendre sur la première moitié de I’m the Sky, le même esprit fantaisiste et joyeux guide les trois albums studio de Norma Tanega, et fournit une scène colorée pour ses paroles et son écriture idiosyncratiques. Ses textes traitent de l’amour et de l’adoration, de l’introspection et de la mélancolie, tandis que sa musique offre une vision éclectique du folk-rock populaire et du son psychédélique de la fin des années soixante. La deuxième partie de I’m the Sky ouvre une fenêtre rare et intime sur le processus d’écriture des chansons de Tanega avec une collection de démos découvertes dans sa maison de Claremont. Sans instrumentation, à l’exception d’une seule guitare sur la plupart des chansons, la voix de Tanega s’élève dans les médiums et au-dessus des réverbérations de la six cordes, méditant ouvertement sur la vie et l’amour. Plus que de simples esquisses, les démos capturent l’essence de l’art de l’écriture de Tanega, et une traduction tangible de la gamme d’émotions qui distingue son travail de la banalité de certains artistes folk de l’époque. En 1972, elle retourne à Claremont et se concentre sur les arts visuels, l’enseignement de l’anglais aux non-natifs et la participation à la communauté d’artistes LGBTQ expérimentaux qui l’entoure jusqu’à son décès en décembre 2019. Si Norma Tanega est essentielle à l’héritage californien de la musique folk et expérimentale, elle l’est aussi au canon du folk-rock en général. Elle a laissé derrière elle un catalogue exceptionnel de musique capturé en partie sur I’m the Sky: Studio and Demo Recordings, 1964-1971, mais, plus que tout, Norma Tanega a laissé une expression durable de ce que c’est d’être libre.

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