Aleph est souvent défini comme « l’unicité de Dieu », et le groupe indie pop britannique venu de Cardiff Private World reprend ce concept sur son premier album pour le label Dais, tout en évitant les conventions pop, explorant et subvertissant son contexte. Plutôt que des morceaux individuels qui forment un récit global, sur Aleph, les membres Harry Jowett et Tom Sanders naviguent dans un univers qu’ils qualifient de psyché pop, où les chansons deviennent les scènes d’une exploration collective de la sensibilité et de la mélodie. D’une certaine manière, les chansons qui composent Aleph sont des forces apaisantes qui parcourent l’histoire de la pop, s’arrêtant à certains moments des années 80 pour emprunter aux synthés teintés de jazz, à la musique ambient et même au cinéma-vérité. Ils omettent cependant la banalité de la chanson à refrain et laissent place à une certaine liberté et une ambiance pour former des transitions mélancoliques. Aleph conserve l’ADN de Private World mais apprivoise la pop avec une intention Eno-esque. Plutôt que de simples déclarations, chaque chanson de l’album est un clin d’œil à Roxy Music, Peter Gabriel, Talk Talk et Spandau Ballet à la fois. C’est en quelque sorte une oeuvre qui se déroule en dix mouvements, chacun reflétant une sphère de culture. “Blue Spirit” est à lui seul le message de l’album, puisque la voix, redevable à Brian Ferry, mène la danse sur un rythme endiablé, tandis que les instruments ponctuent tour à tour le rythme avant de disparaître dans les échos suivants. Certes, les sons de l’album renvoient aux maîtres de la synth-pop, mais le voyage se poursuit avec une forte personnalité et un caractère contemporain. Private World offre une vision singulière de la psyché pop, et un début étonnamment rafraîchissant !

  1. A Private World
  2. Blue Spirit
  3. Birdy
  4. Hypnagogia
  5. Magic Lens
  6. Somethin’ Special
  7. Chasm
  8. Spine
  9. Alien Funeral
  10. Jones to Engel (Pierrot)
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