Graham Jonson, musicien basé à Portland, en Oregon, a débuté la musique très tôt : il a commencé par le piano quand il était tout-petit, découvre la musique de J Dilla au CM2 et sort des singles auto-produits à l’âge de 16 ans. Il apparaît pour la première fois sous le pseudonyme quickly, quickly en 2017. Certains de ses premiers morceaux comptent déjà plus de 10 millions d’écoutes. Le chiffre n’est pas destiné à se vanter mais à souligner que son travail a trouvé une audience sans les leviers traditionnels de l’industrie musicale; c’est une réussite DIY grâce à Internet, mais, selon sa propre évaluation à l’âge de 20 ans, les choses sérieuses ne commencent que maintenant. Avec The Long and Short of It, ses débuts sur Ghostly International, Jonson réinvente son projet en tant qu’auteur-compositeur, chanteur et arrangeur à part entière, jouant presque tout, de la batterie aux claviers et à la guitare. Le son résultant de cette démarche chevauche le jazz, le hip-hop, le r&b et la pop psyché tout en suggérant une nouvelle voie sans genre musical. Enregistrées pendant et après un déménagement de courte durée à Los Angeles, les chansons de Graham sont cool et accueillantes, naviguant entre anxiété et apathie, distance et désir avec une introspection et vulnérabilité lyrique. Élève du catalogue Stones Throw (avec un préférence pour le projet Quasimoto de Madlib), Graham reste ancré sur le rythme faisant confiance à son instinct dans cette nouvelle palette d’instrumentation organique. Les morceaux glissent et se heurtent avec une attention soignée portée au tempo à mesure que son talent pour la mise en scène et le storytelling se dévoile. Le morceau d’ouverture, « Phases », débute avec une sagesse radicale du poète et activiste Sharrif Simmons, l’unique featuring vocal de l’album, qui livre un poème psychédélique couvrant l’existentialisme cosmique. Au fil du spoken word, une frénésie de grooves à la batterie de Micah Hummel et de cordes d’Elliot Cleverdon s’élèvent dans le mix, préparant le terrain pour les débuts de Graham derrière le micro et les claviers. La deuxième moitié du titre se transforme en morceau instrumental hypnotique, la batterie s’emboîtant sur les lignes de guitare, s’arrêtant pour une pause spacieuse pour s’assembler à nouveau, deux fois plus puissantes, chevauchant un solo de saxophone cathartique et béat de Haily Naiswanger. Point culminant de la face B du disque, « Everything is Different (To Me) » présente tous les traits du nouveau quickly, quickly dans une suite ambitieuse : une boucle de guitare entêtante, un break de batterie hip-hop classique, une houle de cordes et des changements progressifs d’accords sournois, le tout en contraste intelligent avec des paroles détaillant un combat contre la léthargie. L’album approche de la fin avec une série de questions sur le poignant « Wy », où Graham seul à L.A., fait tourner la roue hypocondriaque et s’intéresse aux inquiétudes qui semblent tourmenter l’Internet ; son cou lui fait mal, ses mains tremblent, son estomac se noue. Il rejette son besoin d’auto-diagnostique et choisit de se consacrer au moment présent à travers la musique. S’ensuit une outro flottante construite sur des synthés aériens, des guitares contemplatives et un son apaisant de goutte d’eau. La descente est « Otto’s Dance », une brève rêverie instrumentale faisant un clin d’œil à l’un de ses albums brésiliens préférés, Clube Da Esquina de Milton Nascimento et de Lô Borges.

  1. Phases (ft. Sharrif Simmons)
  2. Come Visit Me
  3. Interlude
  4. Shee
  5. Leave It
  6. I Am Close to the River
  7. Feel
  8. A Conversation
  9. Everything is Different (To Me)
  10. Wy
  11. Otto’s Dance

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