Au fil des ans, le compositeur américain Rafael Anton Irisarri est devenu omniprésent dans les sphères de l’ambient, du drone et de la musique électronique. Que ce soit grâce à ses célestes albums ou à ses talents d’ingénieur du son salués par d’innombrables artistes (Ryuichi Sakamoto, Terry Riley, Loscil, Julianna Barwick…) et labels, le dévouement constant d’Irisarri à son art ne faiblit jamais. Alors que les compositions d’Irisarri présentent généralement un éventail de sonorités ambiantes modernes qui s’entremêlent à des symphonies océaniques avec des boucles enregistrées, une guitare électrique jouée à l’archet et de vastes plages de sons saturés, son premier album pour Dais Records, Peripeteia, reprend ces thèmes habituels et laisse place à des influences metal et classiques qui accentuent les tendances mélancoliques d’Irisarri. Ces ouvertures uniques, associées aux superpositions de distorsions et de textures délavées qui lui sont caractéristique, créent un environnement sonore en apparence incompatible, mais qui pourtant se complètent avec grâce. Peripeteia se concentre sur ce qui est personnel afin de décrire les réalités humaines de façon générale. La profondeur émotionnelle que l’on retrouve dans Peripeteia est impeccablement mise en valeur avec le titre « Mellified ». Fruit d’une collaboration avec la compositrice espagnole Yamila, les arrangements de choeurs rappellent la musique sacrée d’Arvo Pärt, tandis que sa voix combine le style andalou du chant jondo avec des motifs médiévaux, se noyant presque dans les couches de distorsion fuzz et les motifs de synthés dystopiens. Sur « Arduous Clarity », la vive mélodie en arpèges qui résonne tout le long apporte une première lueur d’optimisme au récit plutôt morose de bouleversements personnels. Cet espoir est toutefois de courte durée, car la chanson « Refuge/Refuse » semble replonger dans les profondeurs du deuil et d’un triste désespoir. « Fright and Control », titre tout aussi bouleversant, semble contenir une résolution satisfaisante, comme si, après des années de recherche, nous étions délivrés à travers l’acceptation de la mortalité et la révélation qu’apporte la mort.
- A
- I Still Have the Sun to Cast a Light
- Between Negative Voids
- Mellified
- Arduous Clarity
- B
- Refuge/Refuse
- Yearn
- Fright and Control
- Vanishing Points