En 1990, le quatuor de Chicago The Jesus Lizard frappe très fort avec ce premier album studio intitulé Head et enterre bien profondément au passage les années Poison, Judas Priest et consorts. Un sacré balayage de la part de la formation Chicagoanne, replaçant une démarche punk au coeur du processus de création! Le dénommé Kurt Cobain n’aura de cesse de faire l’apologie de The Jesus Lizard et un split CD avec Nirvana verra même le jour (Puss/Oh, the Guilt sorti en 1993). Les rythmiques sont concassées et fracassantes, rarement binaires, façonnées par la batterie tapageuse de Mac McNeilly et la basse de David Sims, clé de voûte de la formation. Les arpèges jazz de Duane Denison flottent au dessus avec brillance et précision, partant dans de furieuses embardées de temps à autres. David Yow s’ajoute à tout ce petit monde, le chant est arraché, craché du fond de la gorge, démentiel, surréaliste, débordant d’émotions. Pour couronner le tout, c’est Steve Albini qui se charge de l’enregistrement. Le son prodigué par ces timbrés est une fusion de jazz, de punk délinéarisé, de lyrisme puisé dans la glauquerie. Oui les paroles sont diablement crues à l’image de « My Urine ». « Pastoral » est chamboulante, dégageant une atmosphère hors du commun, « Tight N Shiny » est un chef-d’oeuvre instrumental regorgeant d’idées. « Killer Mc Mahan » clôture à plein régime ce court premier album de 27 minutes. 27 minutes qui ont suffi pour comprendre que The Jesus Lizard ouvrait une nouvelle porte du rock, pour réaliser que la déferlante s’était abattue. Le genre de disque qui influence son propre label, fait naître des générations de musiciens et ouvre la voie pour bon nombre de chefs-d’oeuvre à venir.

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