Yaoundé, dans les années 1970, était un lieu bouillonnant. Chaque quartier de la capitale camerounaise, aussi louche soit-il, était rempli de spots musicaux mais, étonnamment, il n’y avait aucune infrastructure pour immortaliser ces richesses musicales. Le pays souffrait d’un grave manque d’infrastructures d’enregistrement, et le processus pour poser des chansons sur bande pouvait devenir une aventure en soi. Bien sûr, vous pouviez toujours faire appel à la société de diffusion nationale avec un ingénieur du son, mais ce n’était guère une option pour les artistes underground sans argent. Heureusement, une option alternative a émergé sous la forme d’une église adventiste avec un équipement d’enregistrement de qualité, et de nombreux artistes de cette compilation ont enregistré leurs premières chansons, secrètement, grâce à Monsieur Awono, l’ingénieur son de l’église. Il connaissait l’emploi du temps des prêtres et, en échange d’un peu d’argent, il organisait des séances d’enregistrement. Les artistes devaient encore apporter leur propre matériel, et comme il n’y avait qu’un seul microphone, les amplis et les instruments devaient être parfaitement positionnés. C’était une entreprise risquée pour toutes les personnes impliquées, mais comme elles savaient qu’elles marquaient l’histoire, cela en valait la peine. À la fin de l’enregistrement, le master était remis à celui qui avait payé pour la session, généralement l’artiste lui-même… et que se passait-il ensuite ? En l’absence de labels et sociétés de distribution, c’était une question légitime. Le plus souvent, c’était le label français Sonafric qui offrait des services de fabrication et de distribution et de nombreux artistes camerounais ont utilisé cette plateforme pour démarrer leur carrière. Ce qui est particulièrement surprenant dans le cas de Sonafric, c’était leur volonté de prendre des risques et de juger la musique uniquement sur leur mérite plutôt que sur leur viabilité commerciale. La quantité considérable de musique publiée en disait également long sur l’ouverture des gérants du label. Mais qui sont exactement ces artistes qui ont enregistré une ou deux chansons avant de disparaître et ne plus jamais se faire entendre ? Certains des noms étaient ici si obscurs que même les vétérans les plus aguerris de la scène musicale camerounaise n’en avaient jamais entendu parler. Quelques voyages au pays de Makossa et bien d’autres heures d’interviews ont été nécessaires pour avoir suffisamment de recul pour assembler les pièces du puzzle de la scène musicale bourdonnante des années 1970 de Yaoundé. Malgré les myriades de difficultés liées au simple processus de création et de sortie d’un disque, les musiciens de la scène musicale underground de Yaoundé ont laissé un héritage extraordinaire de grooves bruts et de mélodies magnifiques. Les chansons ont peut-être été enregistrées dans une église, avec un seul microphone en l’espace d’une heure ou deux seulement, mais le fait que nous soyons toujours subjugués par ces grandes créations près de 50 ans plus tard illustre bien leur intemporalité.

CD avec livret 28 pages couleur et double vinyle 140 gr avec pochette gatefold et livret couleur 12 pages.

  1. Jean-Pierre Djeukam – Africa Iyo
  2. Joseph Kamga – Sie Tcheu
  3. Los Camaroes – Ma Wde Wa
  4. Los Camaroes – Esele Mulema Moam 
  5. Ndenga Andre Destin et Les Golden Sounds – Yondja
  6. Damas Swing Orchestra – Odylife
  7. Charles Lembe et Son Orchestra – Quiero Wapatcha
  8. Louis Wasson et L´Orchestre Kandem Irenée – Song Of Love 
  9. Pierre Didy Tchakounte et les Tulipes Noires – Monde Moderne
  10. Tsanga Dieudonne – Les Souffrances 
  11. Willie Songue et Les Showmen – Moni Ngan
  12. Johnny Black et Les Jokers – Mayi Bo Ya? 
  13. Pierre Didy Tchakounte – Ma Fou Fou
  14. Lucas Tala – Woman Be Fire
  15. Ndenga Andre Destin et Les Golden Sounds – Ngamba 
  16. Mballa Bony – Mezik Me Mema

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