La musique sait ce qu’elle veut selon l’artiste, compositrice et productrice moscovite Kate Shilonosova alias Kate NV (Glintshake, Moscow Scratch Orchestra, NV). Dans Room for the Moon, la suite lyrique du minimalisme radieux de для FOR paru en 2018, Kate NV poursuit cette muse dans une expression fluide, en harmonisant ses berceuses lunaires avec une chorégraphie de composition stellaire. Elle laisse toujours la musique s’exprimer sans contrainte, avec ou sans voix. Kate a commencé à esquisser la musique de ce nouvel album quelque temps avant le précédent, mais l’album n’a pris sa forme définitive que lorsque l’artiste est entré dans une nouvelle phase physiologique. Après avoir essayé de faire en sorte qu’un synthétiseur Buchla reflète les imperfections humaines, elle a été obligée de regarder au-delà patchbay, ce module de routage, et de se reconnecter avec sa propre voix. Elle a passé près d’un an et demi assise au mieux, sinon penchée sur la table. À la fin, son corps s’est rebellé, sur le plan physique. Ne se souciant plus de démontrer ses talents de compositeur traditionnel comme sur для FOR, le retour aux formes vocales, que l’on avait pu découvrir pour la première fois sur son premier album Binasu, a été libérateur et réjouissant. Ici la voix de Kate se déploie à travers des images de tulle ou des flacons de paillettes. Toute la musique a été composée et produite par Kate, chez elle et dans des studios à Moscou. Ses chansons, chantées en russe, français et anglais, revêtent chacune des caractéristiques uniques, comme dix scènes dans une pièce où chaque personnage a son propre thème. Ce troisième album a été créé à partir de souvenirs non vécus de films et musique pop russes et japonais des années 70 et 80. C’est un conte de fées du 20e siècle suspendu hors du temps comme une lune arrachée à un ciel de papier. Kate NV y est accompagnée par des collaborateurs de longue date : Jenya Gorbunov à la basse, Vladimir Luchanskiy au saxophone, et Quinn Oulton aux deux. Les mots doux de la musicienne Nami Sato s’élèvent et se posent sur le synthétiseur le temps d’un morceau. Avec chaque chanson, nous entrons dans une sorte d’illusion. Sur “Plans”, comme par magie, Kate a a créé un solo de saxophone en utilisant uniquement des samples. Un rire s’échappe des partitions de “Ca Commence Par” comme une photo mal placée. Le maillet et le marimba discutent autour d’un thé aux champignons sur “Du Na”. “Tea” elle-même emprunte la mélodie du Concerto Pour Piano N°1 de Tchaïkovski, et “Telefon” nous taquine en affirmant qu’il n’y a pas d’échappatoire à la chanson. Room for the Moon pourrait se lier d’amitié avec d’autres œuvres électriques, éclectiques et visionnaires de Lizzy Mercier Descloux, Akiko Yano et Ann Steel. Vous connaissez cette sensation d’affinité immédiate ? C’est la réaction que vous pourriez avoir à l’écoute de Room for the Moon. Vous reconnaîtrez quelque chose d’étrangement familier au charme mystérieux, comme une impression de moments passés en bonne compagnie, imaginaire ou non.

  • A1. Not Not Not
  • A2. Du Na
  • A3. Sayonara (Vinyl Edit)
  • A4. Marafon 15
  • A5. Tea (Vinyl Edit)
  • B1. Ça Commence Par
  • B2. Lu Na
  • B3. Plans
  • B4. If Anyone’s Sleepy
  • B5. Telefon
Poids 0.46 kg
Format