La musique de Mary Lattimore fonctionne comme une sorte de synesthésie émotionnelle. Plutôt que de voir des couleurs lorsqu’elle entend des notes, Mary Lattimore ressent des choses : la tristesse, l’espoir, la nostalgie, les souvenirs. Elle canalise tout cela dans des chansons émouvantes composées sur sa harpe. Une grande partie de sa musique est constituée de sentiments ou de souvenirs qu’elle canalise. Le souvenir qui sert de base à At the Dam, son deuxième album sorti en 2016, est particulièrement frappant. Mary avait reçu une bourse prestigieuse du Pew Center for Arts & Heritage – un honneur rare décerné à seulement 12 personnes chaque année – et elle avait utilisé les fonds pour faire un road trip à travers l’Amérique, écrivant et enregistrant des chansons à chaque arrêt. Armée de sa harpe et de son ordinateur portable, elle s’est inspirée de chaque endroit, laissant les environnements dans lesquels elle a enregistré s’infiltrer dans son travail. Le résultat est une musique émouvante, délicate et belle, sa harpe étant tantôt brillante et sautillante, tantôt distante et brumeuse, enveloppée d’un effet de delay vaporeux. Il en résulte des recréations de moments du passé, tendres, doux et chaleureux. L’expérience de Mary Lattimore avec la harpe a commencé très tôt. Sa mère est harpiste classique, et Mary a commencé à prendre des leçons à l’âge de 11 ans. Elle s’est rapidement retrouvée à collaborer avec des musiciens comme Kurt Vile, Arcade Fire et Thurston Moore, appliquant son style caractéristique à leurs chansons. Mais c’est en jouant avec Fursaxa qu’elle a le plus élargi ses horizons. Toute cette expérience se retrouve sur At the Dam. Une grande partie du disque a été enregistrée à Joshua Tree. Elle a également enregistré à Marfa, au Texas, dans la maison d’un ami, ainsi que dans les montagnes. Le point commun entre tous ces lieux est qu’ils sont éloignés de la maison de Mary à Philadelphie, et qu’elle était seule pendant tout le processus d’enregistrement. Quels que soient les sujets abordés, At the Dam les traite magnifiquement : sur « Jaxine Drive », les guitares poussent des soupirs graves et tristes sous une harpe étincelante. Sur « Ferris Wheel, January », Lattimore est plus mélodieuse, avec des notes qui dérivent comme de la neige, qui scintillent doucement, créant une mélodie tranquille et vagabonde. At the Dam s’installe comme un charme, chaque note vous entraînant plus profondément dans sa transe. Nouveau pressage sur vinyle bleu.
- Otis Walks Into the Woods
- Jimmy V
- The Quiet at Night
- Jaxine Drive
- Ferris Wheel, January