Le trio slovène de folk imaginaire revient avec un album épique qui fait écho à l’esprit collectif du Organic Music Society de Don Cherry ou d’Art Ensemble of Chicago. Carrefour de l’Europe centrale, des Balkans et de l’Adriatique, la Slovénie possède une topographie riche, entre montagne, forêts et paysages karstiques qui suscitent envie d’évasion et inspiration. Puisant dans cette géographie de la contemplation et de l’énergie psychique, le trio slovène composé d’Iztok Koren, d’Ana Kravanja et de Samo Kutin a créé un album intuitivement transcendant avec The Liquified Throne of Simplicity. Ce quatrième album fait suite à I (Radio Študent, 2016), puis I Can Be A Clay Snapper (tak:til, 2017) et A Universe That Roast Blossoms For A Horse (tak:til, 2019). Sur ce nouvel album Širom incorpore certains aspects des albums précédents tout en élargissant son spectre de sons obscurs et d’instruments éclectiques. Pour la première fois, le trio s’autorise des pérégrinations plus longues et développées, hypnotiques et envoûtantes. Cette nouvelle approche donne lieu à 80 minutes de folklore rustique entre rêve-réaliste et rituel cathartique. On y trouve des évocations du Fourth World de Jon Hassell, des visions de Samarkand, les mystères ésotériques du Tibet, une version unplugged de Faust et le charme pastoral et médiéval de la vielle à roue. La pochette et les illustrations intérieures, doucement surréalistes, sont réalisées par le peintre Marko Jakše. Ses paysages et personnages magiques illustrent à merveille la musique fantastique et symbolique du groupe. The Liquified Throne of Simplicity nous offre un portail vers d’autres mondes, une échappatoire à la pandémie en cours et ses effets démoralisants et épuisants, ainsi qu’à la crise qu’elle a déclenchée en Slovénie. Même si l’hiver a été long et morne, le confinement a donné au trio le temps de créer et d’apprendre. Cela leur a apporté la paix intérieure et leur a donné un but. Une autre motivation importante a été la recherche et l’étude d’instruments exotiques, la réutilisation et l’assemblage d’objets trouvés pour produire de nouveaux sons. Parmi les instruments ajoutés, citons le tempura brač, sorte de mandoline/guitare raccourcie de la région des Balkans, le daf, tambour du Moyen-Orient, ainsi que l’ocarina, le luth et le guembri (instrument emblématique de la musique spirituelle Gnawa au Maroc). Tout cela s’ajoute au jeu de la vielle à roue et de la lyre, de l’alto, du banjo à trois cordes, du balafon, du ribab et du mizmar. De la fantaisie épique et primitive des cloches tubulaires, des cordes du Gnawa et du violon du morceau d’ouverture “Wilted Superstition Engaged in Copulation”, jusqu’au drame presque oriental, à l’esprit d’un Swans acoustique de “A Bluish Flickering”, les divers accordages, les polyrythmies et les textures variées racontent une épopée qui sonde des mondes musicaux inexplorés. Širom a accouché une fois de plus d’un album hautement magique.

1. Wilted Superstition Engaged in Copulation
2. Grazes, Wrinkles, Drifts into Sleep
3. A Bluish Flickering
4. Prods the Fire with a Bone, Rolls over with a Snake
5. I Unveil a Peppercorn to See It Vanish

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