Le 21/07 prochain, le label Sacred Bones publiera Journey to the Moon and Beyond, une collection remarquable d’archives du maître du synthétiseur Mort Garson. L’occasion pour nous de mettre à l’honneur ce précurseur et compositeur de génie.

Mort Garson naît en 1924 dans la ville canadienne de St. John au Nouveau-Brunswick, de parents réfugiés juifs russes. Il grandit de l’autre côté de la frontière, à New York et commence à jouer du piano à l’âge de 11 ans.
Les années passent, il obtient une bourse pour étudier à la Juilliard School of Music et devient pianiste, compositeur et arrangeur professionnel. Appelé par l’armée vers la fin de la seconde guerre mondiale, c’est à son retour que Garson devient un musicien de session réputé, capable d’assurer la direction et la composition d’œuvres de commande.

Ce pionnier de la musique électronique est un véritable créateur et accompagnateur de talent : tube pop, easy listening, musique pour enfants, musique de film, musique de pub, jingle télévisé, illustration sonore, réinterprétation de répertoires célèbres, … Mort Garson possède l’un des CV les plus riches et les plus éclectiques de la musique populaire.
En 1967, il fait une rencontre qui changera sa vie. Il assiste à une convention de l’Audio Engineering Society et rencontre Robert Moog, l’inventeur du légendaire synthétiseur modulaire Moog. Il en acquiert un pour 15000 dollars, un gros investissement pour l’époque, et concentre sa création et ses projets autour de ce nouvel instrument. Il publie la même année The Zodiac : Cosmic Sounds, un ensemble de morceaux instrumentaux inspiré par les 12 signes astrologiques. Cette œuvre est la première de la côte ouest a être enregistrée avec un Moog. Mort Garson commence alors à faire connaître au monde entier, le son du fameux synthétiseur.

Sa série d’albums de la fin des années 60 au début des années 70 est considérée comme son plus grand héritage.
3 albums importants voient le jour : l’occulte Lucifer / Black Mass (1971), le méditatif Ataxaria / The Unexplained (1975) et le cultissime Mother Earth’s Plantasia (1976). Ce dernier est destiné à accompagner le livre de 1973 The Secret Life of Plants (qui fait également l’objet d’un documentaire, dont la bande originale est signée Stevie Wonder). Directement inspiré des plantes d’intérieur de sa femme, cette œuvre Moog possèderait le pouvoir de les faire pousser. Malgré sa distribution extrêmement limitée, l’album devient un succès culte à la fin des années 2010 grâce à sa mise en ligne sur le net et au travail du label Sacred Bones et de son fondateur, Caleb Braaten.
Mort Garson disparaît en 2008 à l’âge de 83 ans. Mother Earth’s Plantasia a marqué et continue d’inspirer des générations de compositeurs de musique électronique, ambiante et new age.

Journey to the Moon and Beyond est un voyage doux, contemplatif, fantastique et inouï à travers le patrimoine musical du maître.
On y trouve notamment la bande originale du film de blaxploitation Black Eye (1974), ainsi que la mise en musique de la vie des animaux sauvages, Zoos of the World (1970), pour National Geographic. Le point d’orgue de cette collection étant la musique de la transmission télévisée de l’alunissage de l’équipage d’Apollo 11 en 1969, une partition de plus de six minutes et demie teintée de jazz et de musique psychédélique, qu’il compose pour cet événement monumental. Un petit pas pour l’homme et un pas de géant pour Moog.
Ce disque ravira les fans de Brian Eno, Robert Moog, Hiroshi Yoshimura, Jean Jacques Perrey, Stereolab, Aphex Twin, et tous les autres !