Le nouvel album du compositeur canadien Tim Hecker est un symbole de malaise face au déluge d’ambiances corporatistes faussement positives actuellement en vogue. Qu’il s’agisse d’un avertissement ou d’une promesse, No Highs tient ses engagements : c’est une musique austère et ambiguë, punitive et qui soulève le cœur. Un anti-relaxant en dents de scie pour notre époque médicamentée, brut de décoffrage et indéfini. Les impulsions programmées en code morse clignotent comme des signaux de détresse, tandis qu’une tempête de cordes, de bruits et de sons graves se profile au loin. L’électro frissonne et tremble face à des ensembles de tensions crépitantes, de cuivres mantriques (dont l’exquis saxo modal de Colin Stetson) et de claviers sortis tout droit d’une cathédrale. Tout au long de l’œuvre, les pièces accumulent et évitent le drame, plus à l’écoute du ressac que du crescendo. Tim Hecker mentionne la “négation” comme une sorte de muse – le sens du tumulte sans grandiloquence, des extases retenues, une échappatoire à l’évasion. C’est un antagonisme à la fois brusque et séduisant, dépourvu de résolution, qui invite l’auditeur à s’enfoncer toujours plus profondément dans ses alchimies d’une inquiétude magistrale.

  1. Monotony
  2. Glissalia
  3. Total Garbage
  4. Lotus Light
  5. Winter Cop
  6. In Your Mind
  7. Monotony II
  8. Pulse Depression 
  9. Anxiety
  10. Sense Suppression 
  11. Living Spa Water

 

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